Chronique de Marc Fiorentino du 30 avril 2010 dans Allofinance.com : LA FIN DU PREMIER ACTE DE LA TRAGEDIE GRECQUE

Ce n'est pas la fin de la pièce, mais c'est la fin du premier acte. L'Europe et le FMI, sous la pression des marchés, ont finalement réagi et l'Europe a gagné quelques mois de répit. Quelques mois seulement.LA Grèce SOUMISE A LA DIÈTE
Gel du salaire des fonctionnaires, retraite à 67 ans, pas de paiement des 13ème et 14ème mois pour les services publics et un déficit ramené à 4% du PIB en deux ans. C'est ce qu'on demande à la Grèce pour lui prêter 100 milliards. Et nous? Pourquoi n'applique-t-on aucune de ces mesures ?

LA PUISSANCE CHINOISE ÉTALÉE
Les grands défilés militaires chers à l'URSS et à toutes les dictatures ne sont plus à la mode. Aujourd'hui quand une dictature veut monter sa puissance, elle organise une exposition universelle. Sans respecter les droit universels de l'homme.

200 FOIS LA MISE
Goldman Sachs a eu une consolation hier. La société dans laquelle elle a investi 5 millions de dollars en 2007 a été introduite à Shenzhen hier. A une valorisation délirante de 73 les profits de 2009, du jamais vu en Chine. La participation de Goldman vaut donc aujourd'hui 1 milliard de dollars. 200 fois la mise en trois ans pour un investissement dans son société de pharmacie, c'est pas mal non ?

LE TROISIÈME DÉBAT ANGLAIS
a porté sur l'économie et aucun des trois candidats n'a apporté de réponse satisfaisante sur la réduction du déficit et de la dette. Eux aussi devraient avaler la potion Grecque.

LE FMI A CONTRE COURANT COMME D'HABITUDE
Le FMI relève ses prévisions de croissance pour l'Asie. C'est le signe que la bulle asiatique va bientôt éclater. Ils avaient relevé les perspectives de croissance des États-Unis en Juin 2007, quelques semaines avant l'éclatement de la crise des subprimes. Il faut que le FMI garde les mêmes économistes. Ils nous fournissent les meilleurs signaux du monde...à l'envers.

LES NUMÉROS EN 7
arrivent sur les portables dés lundi. Je ne sais pourquoi j'en parle. Ça n'a aucun intérêt.

Marc Fiorentino

Chronique de Marc Fiorentino du 30 avril 2010 dans BFM Radio :LA FRANCE DEVRAIT APPLIQUER LES CONSEILS QU'ELLE DONNE A LA GRECE

Les mesures que l'Europe et le FMI vont imposer à la Grèce sont nécessaires. Elles sont exceptionnelles. Mais notre situation n'est guère plus brillante que celle de la Grèce et nous serions incapables d'appliquer une seule des mesures que nous leur imposons.On s'achemine vers un accord avec la Grèce, un accord dans lequel la Grèce accepte des sacrifices sans précédent
Depuis le début de la crise Grecque, il y a quelque chose qui me frappe. Surtout en France. On parle de la Grèce comme si c'était un pays d'un autre continent, avec un autre modèle, bien éloigné du notre. On les critique, on les regarde de haut mais on se sent très différent. Il y a eux et nous. C'est vrai que la Grèce a triché avec ses comptes publics, c'est vrai que la Grèce a un système fiscal pour le moins fantaisiste, c'est vrai que la Grèce a une pratique de la corruption proche de celles de pays du Tiers monde mais tout de même il y a beaucoup de similitudes entre la Grèce et nous. Et on devrait tirer au plus vite, dans l'urgence, aujourd'hui et pas dans un an, de l'expérience Grecque.

Certes la France n'a aujourd'hui aucune difficulté à se financer et sa dette est beaucoup moins importante si on la rapporte à son PIB
Mais quand je regarde le plan d'austérité qu'on impose à la Grèce, je me dis qu'on devrait l'appliquer aussi car notre situation financière est mauvaise, très mauvaise. On demande à la Grèce de supprimer les 13ème et 14ème mois dans le secteur public, est ce qu'on aurait le courage de faire la même chose en France, la Grèce doit revenir à 4% de déficit en 2 ans, et nous quelles mesures a-t-on pris pour arriver au même résultat. La Grèce doit geler pendant plusieurs années les salaires des fonctionnaires et nous nous allons continuer à les augmenter. Et pour finir on demande aux Grecs de partir à la retraite à 67 ans alors que la barre des 60 ans est un tabou en France.

Je trouve qu'il y a une injustice à demander à la Grèce d'appliquer des mesures qu'on ne s'applique pas nous mêmes
Pas seulement de l'injustice d'ailleurs , mais aussi de l'aveuglement et un manque manifeste de courage politique. Nous savons ce qu'il faut faire pour rétablir l'équilibre financier d'un pays. On vient de le prouver en l'imposant à la Grèce. Alors pourquoi ne pas appliquer ce qu'on impose aux autres alors que notre situation n'est pas beaucoup plus brillante que celle des Grecs?