mercredi 28 avril 2010

Edito du jour du 28/04/210 de Marc Fiorentino sur AlloFinance: LA CHUTE DE L'EUROPE


morning28042010
envoyé par thewalougardner. - L'actualité du moment en vidéo.

Les agences de notation, ces pompiers pyromanes, sont venus faire le jeu de la spéculation comme dans la crise des subprimes. Mais elles ont eu au moins le mérite de mettre en lumière la nécessité pour l'Europe de s'organiser rapidement si elle ne veut pas exploser en vol L'EUROPE DANS LE CHAMP DE TIR
Les marchés étaient décorrélés hier. Certes tous les marchés ont baissé mais le Dow Jones est encore proche de ses plus hauts et les tirs ont été concentrés sur l'Europe. Une Europe qui attend le 9 Mai, date des élections allemandes, pour se décider.

DES RECORDS DE BAISSE
-6% pour la Grèce, -4.7% pour le Portugal, -4.2% pour l'Espagne, et prés de 5% sur le future CAC 40.

L'EURO BAISSE
mais ne s'effondre pas. Il 'a baissé "que" de 1.4%. ET c'était finalement hier la seule bonne nouvelle pour l'Europe.

PLUS DE MARCHE POUR LA DETTE GRECQUE
Ne regardez même plus les taux grecs. Ils ne veulent plus rien dire car il n'y a plus de marché. Plus de transactions. Et la Grèce elle même vient d'annoncer qu'elle ne viendra plus, car elle ne peut plus, emprunter sur les marchés.

LA BANQUE CENTRALE EUROPEENNE EN DANGER
Elle doit tout faire pour accélérer le sauvetage de la Grèce car elle a sur son bilan des dizaines de milliards d'emprunts grecs, mais aussi d'emprunts portugais, irlandais, espagnols donnés en garantie par les banques pour obtenir des liquidités. En cas de défaut ou de restructuration, elle saute.

UN MOMENT DE TELEVISION INCROYABLE
J'ai suivi à la télévision presqu'intégralement le psssage devant le Sénat des principaux patrons de Goldman Sachs. C'était assez fascinant de voir cet affrontement entre les sénateurs, même Mac Cain est venu, et les financiers vedettes. Chacun a joué sa partition. Aucun vainqueur, ni vaincu. Mais beaucoup de révélation sur les pratiques de Wall Street avec notamment des e mails où les équipes de Goldman décrivent les produits qu'ils ont en vendus et qu'ils sont poussés à vendre des pires noms.

FABRICE TOURRE
est devenu le deuxième Français le plus célèbre sur les marchés financiers après Kerviel. Il s'est défendu hier devant le Sénat dans un Anglais impeccable. C'est déjà ça!

ENCORE UNE CLAQUE POUR BARACK
Pendant que Goldman était sur le grill, les sénateurs ont rejeté pour la deuxième fois l'ouverture d'un débat sur la régulation financière.

ARNAUD A REMPORTE UN SET
Les actionnaires ont défendu Arnaud Lagardère hier. Guy Wyser Pratte a eu environ 20% des voix. Les actionnaires sont satisfaits, l'action a perdu 6% dans la journée. Quand on aime, on ne compte pas.

RENAULT A REMPORTE UNE COURSE
Chiffre d'affaires en forte hausse pour le premier trimestre de l'année pour le groupe automobile. Mais Carlos Ghosn n'est pas très optimiste sur les conditions économiques.

VOILA C'EST TOUT
BONNE JOURNÉE
MAY THE FORCE BE WITH YOU

Marc Fiorentino

Interview de sur Marc Fiorentino sur France Inter (via le blog de superno.com/blog)sur l'affaire Goldman Sachs

Bernard Thomasson : «Quel avenir pour Goldman Sachs, il y a un risque réel, pour eux 

Marc Fiorentino : «Non, aucun, je pense qu’on va se retrouver dans une… On est dans la commedia dell’arte, hein, on est dans le grand guignol, là, tout le monde va hurler, tout le monde va pousser des cris, d’ailleurs je…»

Bernard Thomasson : «C’est pas très rassurant, ce que vous dites, parce que le G20 nous dit on va…»

Marc Fiorentino : «C’est ce que j’allais vous dire, le G20 nous dit ça depuis deux ans, je voudrais vous demander …»

Bernard Thomasson : «C’est peut-être long à mettre en place, non ?»

Marc Fiorentino : «Je voudrais vous demander ce qui a été fait depuis deux ans. On nous a dit : «on va lutter contre les hedge funds», la semaine dernière les chiffres sont parus sur les hedge funds, ils n’ont jamais autant collecté d’argent que cette année, ils sont proches de leurs records. «On va lutter contre les bonus», l’année dernière a été l’année record pour les bonus. «On va lutter contre les paradis fiscaux» : ils sont toujours là, ils sont juste passés de noir à gris puis de gris à blanc, on ne sait pas par quel miracle. «Et on va lutter pour la réglementation financière», et on vient d’assister au G20 finance ce week-end, et à la sortie du G20 finance, quel a été le communiqué ? Le communiqué a été de dire : on ne s’est mis d’accord sur rien, parce que notamment le Japon, le Canada, et l’Australie ont dit : aucune réglementation financière.»

Bernard Thomasson : «Donc les politiques nous mentent.»

Marc Fiorentino : «Les politiques nous mentent, les politiques nous abreuvent d’histoires. On a vu combien de G20, combien de déclarations d’Obama depuis qu’il est là en disant : “Attention Wall Street, tremblez, voilà, j’arrive” ? Il avait dit ça, c’était son premier discours dès qu’il avait été intronisé, il avait dit qu’il lutterait contre les bonus, et il se trouve que les bonus ont été les plus élevés»

Bernard Thomasson : «Imaginez ce que pensent les gens qui nous entendent en ce moment, ils vont se dire, mais qu’est-ce qu’il faut faire, il faut faire la révolution, il faut aller brûler des banques, faut… ?»

Marc Fiorentino : «Je suis toujours assez surpris de voir que finalement il n’y a jamais de manifestations devant les banques, je trouve ça assez étonnant.»

Bernard Thomasson : «Voilà, Marc Fiorentino, moi je suis surpris de vos propos, vous qui avez dirigé des banques américaines en Europe…»

Chronique de Marc Fiorentino du 28 avril 2010 dans BFM Radio :UNE JOURNEE HISTORIQUE ET SYMBOLIQUE

Au delà des chiffres, des records de baisse pour les indices boursiers européens, ou pour l'euro, la journée d'hier a mis en lumière un certain nombre de problèmes structurels. 1. L'Europe, et le monde, ne vont pas s'écrouler demain mais, deux ans après la crise des banques, comme prévu, c'est la crise des États qui commence et celle ci va durer longtemps. La Grèce, et même le Portugal, l'Irlande ou l'Espagne ne sont que la partie visible de l'iceberg. Mais tous les pays sont concernés, tous, sans exception, y compris la France, l'Angleterre, les Etats-Unis et même la Chine.
2. Le modèle européen est condamné par les marchés. Ces états "providence" qui continuent à distribuer de l'argent en aides à des populations d'assistés sans leur dire la vérité pour des raisons électorales, le marché les condamne brutalement et il a raison. Même en cas de reprise forte de la croissance, le problème des déficits et des dettes ne sera pas résolu. Il faut changer le système: l'État n'a plus d'argent; il doit, comme une entreprise, réduire ses dépenses. De façon drastique.
3. Les marchés sont décorrélés. Hier, c'est l'Europe qui s'est effondrée mais le Dow Jones est resté collé à 11,000 un niveau proche de celui de l'avant Lehman. L'Asie ce matin baisse mais ne s'écroule pas.
4. L'euro chute. Mais l'euro ne craque pas. Nous restons à des niveaux qui sont historiquement hauts par rapport au cours d'introduction de l'euro 1.17 et au cours le plus bas de l'euro quelques mois aprés son introduction, au dessus des 0.80.
5. Les agences de notation doivent être interdites. Vraiment. Ce sont des pompiers pyromanes. Coincidence incroyable. La même semaine, elles sont accusées d'incompétence, pire même, de conflits d'intérêt par le Sénat Américain qui enquête sur la crise des subprimes mais elles continuent à faire n'importe quoi. Elles baissent les notations quand le feu est déjà allumé. Elles ne prévoient rien, elles n'anticipent rien, elles se contentent d'arriver quand l'incendie est allumée pour rajouter de l'essence dessus.
6. Les politiques sont à côté de la plaque. Pendant que l'Europe est en feu, Angela Merkel ne pense qu'à son élection du 9 Mai. D'ailleurs le sommet européen pour la crise est prévu le 10 mais. Et Nicolas Sarkozy va se pavaner avec son top modèle en Chine, terre des droits de l'homme et de la libre concurrence économique.
Cette journée est un sérieux avertissement.
Ce n'est pas le début du krach. Mais c'est un vrai coup de semonce.
Marc Fiorentino